Source:Oumma.Com

 « Pour un islam humaniste ». C’est par ce dernier livre paru en novembre, dont le titre sonne comme un ultime souhait, que le grand islamologue syrien, Muhammad Shahrour, a clos son œuvre exégétique du Coran, féconde, audacieuse et éclairée, avant de rendre son dernier soupir, le 21 décembre, à Abu Dhabi.

Considéré comme l’un des principaux exégètes contemporains du Livre sacré de l’islam, il laisse derrière lui un sillage humaniste et lumineux, empreint d’une aspiration réformatrice qui suscita autant l’engouement que la controverse.

Muhammad Shahrour naquit à Damas, en 1938, d’où il s’envola pour Moscou, à la fin de ses études secondaires, pour se perfectionner en génie civil. Avant de se passionner pour l’exégèse coranique, il enseigna à la faculté de génie civil de l’Université de Damas, fort de sa formation acquise en Union soviétique. Son doctorat en poche en 1972, il devint alors professeur titulaire au sein de la même prestigieuse faculté.

Il faudra attendre l’année charnière de 1990 pour qu’il connaisse la célébrité, grâce à l’ouvrage intitulé « Le Livre et le Coran », dans lequel il s’essaya à une nouvelle lecture du Coran, à la lumière d’une analyse originale de la langue arabe employée au début du VIIème siècle.

Muhammad Shahrour passera à la postérité autant pour sa volonté de réinterpréter le Texte de manière radicale, au risque de bousculer le conservatisme d’érudits traditionalistes d’Al-Azhar et de s’attirer leurs foudres, que pour sa capacité à proposer des pistes de réflexion à foison, ayant trait au renouvellement de la pensée de la loi, du statut de la femme ou encore du rapport entre politique et religion.

Selon le site émirati The National, l’émission qu’il animait pendant le Ramadan pour Abu Dhabi TV fut, en 2018, le programme le plus regardé du réseau depuis une décennie. Il a, en effet, attiré plus de trois millions de téléspectateurs, non sans avoir déclenché des joutes houleuses en ligne, tant les questions qui y étaient abordées étaient sensibles.

La dépouille de Muhammad Shahrour devrait être transférée à Damas, conformément à sa volonté d’être inhumé dans le cimetière familial.

 

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