par Nidal Hamade./RI

La tragédie d’un peuple frappé par le malheur mobilise, parfois mais pas toujours, les sentiments humains, la générosité et la sincère compassion d’autres peuples mais constitue, en même temps, une aubaine pour les gouvernements qui cherchent à exploiter l’occasion humanitaire pour retrouver une grandeur perdue, étendre leur influence ou défendre leurs intérêts. Une évidence qui n’échappe pas aux Libanais soumis à toutes sortes d’exigences par ceux-là mêmes qui leur offrent leur aide après leur  avoir infligé d’iniques sanctions directes et surtout indirectes. Souhaitons-leur de panser leurs blessures et de rester unis en dépit de toutes les manœuvres malintentionnées d’où qu’elles viennent. [NdT].

Le  port de Beyrouth, l’un des ports les  plus importants de la Méditerranée orientale et la grande porte pour l’importation de tous les besoins des libanais en plus de son énorme activité de transit, est désormais hors service, suite à la terrible explosion du mardi 4 août 2020. Laquelle explosion a de surcroit détruit et dévasté les quartiers alentours et dont les effets ont été ressentis jusqu’au Mont Liban et atteint l’île de Chypre, à 240 kilomètres de distance.

Un désastre qui impose le transfert de son activité vers le port de Tripoli. Mais l’intérêt logique et réaliste des Libanais pour ce port n’excluent pas d’autres intérêts à mille lieux des intérêts du peuple libanais, car liés aux conflits régionaux et internationaux actuels sur les mers et les océans. Des conflits menés notamment pour le contrôle des ports donnant sur les détroits et les routes du commerce maritime, comme c’est particulièrement le cas de la guerre contre le Yémen et des altercations irano-américaines dans le golfe Persique.

À ce sujet, les informations indiquent que le grand intérêt des Émirats arabes unis date de plusieurs années, les États-Unis leur ayant confié la tâche de contrôler les ports menant au golfe Arabique, à commencer par une mainmise sur le port d’Aden et le port de Socotra au Yémen, puis par la location du port d’Assab en Érythrée, pour une période de 35 ans, et du Port-Soudan au Soudan, par la « Dubai Ports Company ».

Les informations indiquent aussi que l’intérêt des Émirats arabes unis pour le port de Tripoli est dû à sa proximité avec la Syrie et les côtes turques, ainsi qu’à sa proximité avec Chypre et les eaux internationales à l’origine du conflit entre la Turquie d’une part, la Grèce et Chypre d’autre part.

Conflit portant plus précisément sur les eaux territoriales libyennes contenant de grandes réserves de pétrole et de gaz. Ce n’est plus un secret pour quiconque que les Émirats arabes unis et la Turquie mènent, par procuration, une guerre féroce en Libye.

Le port de Tripoli, destiné à devenir l’artère maritime du Liban pour les années à venir, risque donc de devenir le théâtre d’une lutte d’influence régionale et/ou internationale, comme c’est le cas pour tout le Liban. La hausse de la livre libanaise d’hier soir peut s’interpréter sous cet angle, notamment suite aux rumeurs qui circulent dans Paris à propos de la reconstruction du port de Beyrouth par des entreprises françaises.

source : https://www.al-binaa.com

traduit de l’arabe par Mouna Alno-Nakhal

 

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