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Au 1er tour de l’élection présidentielle 2017, les Français ont sélectionné Marine LE PEN et Emmanuel MACRON, alors que notre bureau national avait pronostiqué – sur la base de renseignements recollés dans plusieurs régions – l’affrontement électoral entre Mme LE PEN et M. FILLON.

Ce premier tour clôt une période particulière. La campagne électorale présidentielle a été marquée par plusieurs évènements importants et parfois troublants.

Malgré ces évènements, les sondages n’ont jamais varié ou presque.

L’annonce des instituts de sondages – répétée depuis des mois – n’a-t-elle pas joué le rôle de prophétie auto-réalisatrice ?

Nous présentons ici un ensemble de remarques critiques qui fondent plusieurs interrogations.

I – Sur le vote de Benoit Hamon et celui de Jean-Luc Mélenchon

  • Hamon

Contrairement aux apparences, M. HAMON a parfaitement joué son rôle et rempli ses objectifs : empêcher Jean-Luc MELENCHON d’accéder au 2ème tour.

Dès sa désignation, puis, à de multiples reprises, Benoit HAMON appela Jean-Luc MELENCHON à se retirer en sa faveur dans un seul but : l’affaiblir.

  1. HAMON a ainsi gêné la progression constante de Jean-Luc MELENCHON alors qu’il prenait soin d’épargner totalement Emmanuel MACRON.

Avec 6% des voix, M. HAMON a ainsi empêché le seul candidat de la gauche française capable d’accéder au 2ème  tour de la présidentielle.

Idiot utile ou complice, Benoit HAMON sera de toute façon récompensé.

Dès le soir du 1er tour, Benoit HAMON pouvait libérer sa conscience en appelant à voter pour Emmanuel MACRON, afin de faire « barrage … au fascisme » !

Le piège a parfaitement fonctionné.

  • Jean-Luc Mélenchon :

Le vote MELENCHON est très certainement l’évènement majeur de cette campagne.

Il augure une reconstruction de la Gauche Française sur des fondamentaux sérieux.  Il illustre aussi l’état de colère social et politique de notre pays.

Malgré tous les pièges tendus à Jean-Luc MELENCHON pris en tenaille – pensons aux critiques insupportables du candidat trotskiste M. Poutou – quel succès et quel talent !

Nous devons saluer le travail de Jean-Luc MELENCHON.

Il est un travail politique de refondation.

Les Clubs « Penser la France » avaient projeté un vote pour le candidat socialiste entre 9 et 11% car l’encrage territorial du Parti socialiste aurait dû lui assurer un minimum de 10 à 12% des voix.

Cette surestimation s’explique par la mauvaise mesure du rôle secret de la rue de Solférino (de M. Cambadelis mais pas seulement), Benoit HAMON n’ayant servi que de simple appât.

Le véritable candidat du Parti socialiste et du Palais de l’Elysée étant M. MACRON.

En revanche, nous avons très tôt anticipé la montée du vote de Jean-Luc MELENCHON et annoncé dès la fin mars (soit une semaine avant tous les Instituts de sondages) son passage devant Benoit HAMON.

II – Sur le vote FILLON et la droite française

Le score final de M. FILLON est sidérant tant il est évident que la France est politiquement et culturellement acquise à la droite française (>55%). Elle pouvait donc – sans grande difficulté – porter son champion à l’Elysée. Que ne l’a-t-elle fait ?

Cet échec a de multiples sources.

  1. a) Le candidat Fillon :

Contrairement à ce qui est répété à souhait, François FILLON n’était pas un mauvais candidat.

Il présentait une réelle alternative en renouant avec les fondamentaux de la droite française classique : droite de province, catholique et de filiation gaulliste, peu soumis aux réseaux atlantiste. Trop peu.

Ce sont précisément ces atouts qui ont valu à François FILLON une levée de boucliers et la mise en œuvre d’une véritable machine infernale.

L’union d’une partie non négligeable de la droite contre sa candidature, le travail minutieux de déstabilisation, constant, insidieux a fini par porter ses fruits de la manière la plus éhontée.

S’il faut souligner la frilosité de l’électorat classique de la droite – notamment les plus de 60 ans – heurté par l’Affaire « Pénélope », ce qui d’ailleurs honore cet électorat encore soucieux d’éthique, celui-ci a été victime d’un effet d’optique magistral.

Utilement instruit sur le niveau et la réalité de la corruption des élites françaises– politique, médiatique et financière – cet électorat aurait dû comprendre que l’Affaire « Pénélope » était précisément le révélateur de l’absence de corruption de François FILLON.

La cabale parfaitement orchestrée, aux ressorts complexes, avait bien sûr ses relais au sein du parti.

  1. b) Le rôle du parti « Les Républicains » et de la Droite française :

Le travail du parti « Les Républicains » contre François FILLON a été déterminant, comme le rôle de l’ensemble des forces de droite, Alain Juppé comme François Bayrou.

Le premier et ses amis ayant mené – sous le masque – plusieurs assauts répétés jusqu’à cette fameuse semaine du mois de mars qui se termina par une démonstration de force au Trocadéro – le dimanche 5 mars – laissant accroire qu’en écartant définitivement la proposition de twister les candidats, la campagne de François FILLON pouvait enfin commencer. Non seulement, il était trop tard mais – et dès cette crise interne au sommet où se joua l’honneur de quelques hommes – tout a été fait pour abattre le candidat.

A ses cotés même, certains de ses soutiens les plus « fraternels » n’étaient-ils pas déjà en train d’entrevoir d’autres opportunités ?

Dès le lendemain du 1er tour, les postulants à Matignon se dévoilent (à Gauche comme à Droite). Les masques tombent révélant ainsi l’existence de négociations entamées  – depuis des semaines voire des mois – avec Emmanuel MACRON.

Enfin, le rôle obscur de Nicolas Sarkozy a été occulté à tort. Après avoir échoué lui-même à être sélectionné par la primaire, il n’a eu pour seul objectif  que celui d’écarter Alain Juppé, ce, jusqu’au mois de mars en soutenant – mordicus – son ancien premier ministre.

N’avait-il pas intérêt – ensuite – à l’échec de François Fillon ?

Cette élection présidentielle 2017 ne pourra être comprise qu’à travers le décryptage du duel secret – par acteurs interposés – entre MM. Sarkozy et Hollande, duel qui a pollué toute la campagne.

Nicolas Sarkozy vient d’annoncer une nouvelle fois qu’il arrêtait définitivement la politique. C’est dire combien il faudra compter avec lui dans les prochaines années.

Les clubs « Penser la France » ont – là aussi – sous-estimé le rôle secret de l’appareil politique « Les Républicains » qui a travaillé contre François FILLON à un niveau impensable et préparé le sacre du « petit prince ».

III – Sur le vote MACRON

Sans parti politique, aucun candidat ne peut accéder au 2ème tour de l’élection présidentielle. Cette loi incontournable des sciences politiques et de la science électorale française a été infirmée par une mécanique subtile de contournement et de jeux secrets.

Les deux principaux partis politiques – le Parti socialiste et Les Républicains – ont travaillé secrètement, et l’un et l’autre, au succès de ce candidat.

Le travail de réseaux secrets qui transcendent tout l’arc politique doit être analysé. C’est certainement le fait le plus étonnant de cette campagne qui peut aussi se révéler le plus tragique(*).

*La collusion des partis apparait clairement.

Le vote des primaires à Droite comme à Gauche est éclairant sur ce point.

A Gauche : Emmanuel MACRON a pu arriver en tête du vote à Gauche dans certains départements composés de zones rurales et de zones périurbaines, zones qui précisément sont sociologiquement antinomiques du vote MACRON. On constate que ces départements accueillent des Fédérations socialistes largement pilotées  par les réseaux Valls.

A Droite : Les départements ayant le plus accorder leur vote à Alain Juppé ont plus facilement accordé leurs soutiens à Emmanuel MACRON, et ce, dans une proportion anormalement élevée.

Rien n’explique le succès d’Emmanuel MACRON. Il est un vote « Magique ».

Des salles électorales vides ou presque peuvent-elles être compensées par Internet au rôle encore trop modeste ? Bien sûr que non.

Il faut bien l’admettre, ce vote « magique » a pour seule explication l’intervention de l’appareil d’Etat[1], de l’ensemble de la presse écrite et audiovisuelle aux mains des grands groupes d’affaires.

*Le succès technique de MACRON n’est en rien un succès politique.

Il annonce d’ailleurs de nombreuses déconvenues par la somme des tensions politiques à venir, s’il devait être élu.

Sa campagne ressemble donc à un « forçage psychologique et politique », digne de l’insupportable  campagne du « OUI » en 2005.

L’Homme devine-t-il le piège dans lequel lui-même est tombé ?

On ne dirige pas un vieux pays, une vieille nation comme la France, capable de mouvements violents, sans risques.

L’insouciance et l’immaturité du jeune banquier est sidérante.

Ainsi le vit-on, le soir du 1er tour, roulant – ici dans Paris – dans sa berline de luxe, saluant de la main, vitre de portière ouverte, comme le fît Jacques CHIRAC au soir de sa victoire en mai 1995 ; là, réunissant le « tout Paris » à « La Rotonde » comme le fît de manière tout aussi insupportable Nicolas Sarkozy au « Fouquet’s » en mai 2007.

Assuré de son triomphe, Emmanuel MACRON a – d’ores et déjà –  fêté sa victoire, comme un enfant gâté, capricieux, immature, démontrant ainsi l’absence d’épaisseur qui distingue – précisément – l’Homme d’Etat, du commun.

IV – Sur le vote LEPEN

Lourd héritage légué par François MITTERRAND, l’instrumentalisation du Front National afin d’affaiblir la droite républicaine fut un calcul malsain, mais efficace.

Il a ainsi assuré le maintien au pouvoir du parti socialiste qui n’a jamais été majoritaire dans le pays. Pour rappel, celui-ci accéda au pouvoir en 1981 grâce aux puissants votes communistes.

L’instrumentalisation des forces en sa faveur est un des savoir-êtres essentiels du parti socialiste. Le mensonge à toutes les fins.

La construction libérale de l’Union européenne délitant toutes les nations constitutives et au premier chef les nations politiques comme la France, engendre une immense souffrance sociale, culturelle et politique.

Le Front National a longtemps été promu par le système avec une double fonction : devenir le réceptacle de tout le vote contestataire et stériliser cette contestation par un « bannissement civique » de tous ces électeurs, prononcé Urbi et Orbi par les prêtres du système politico-médiatique.

Avant le 1er tour, Marine LE PEN doit être respectée. Entre les deux tours, Marine LE PEN, c’est Hitler et les camps de concentration, la fameuse reductio ad hitlerum, qui – par automatique – assure la victoire de son opposant, de droite comme de gauche[2].

Tous les français ont été – à un moment ou un autre – victime de ce piège.

Depuis trente ans, des politiques euro-libérales non désirées par les Français s’appliquent ainsi contre leur volonté. Et quand le piège ne peut pas fonctionner (Référendum de 2005), il faut opérer un forçage juridique (Traité de Lisbonne de 2008) toujours risqué car il dévoile la réalité politique du système.

Après l’instrumentalisation du Parti communiste, qui a permis d’abandonner tous les acquis hérités du Conseil National de la Résistance (CNR), l’instrumentalisation du Front National doit permettre d’accomplir l’autre pan du programme : défaire l’unité de la France, son Etat, la République. Un comble.

Nous mesurons aujourd’hui que le piège « Front National » est en train d’atteindre ses limites.

De toute façon, le piège parfait n’existe pas car l’Homme est un animal politique, certes doué de raison lente, mais c’est toujours la Raison, qui précède l’action. Elle vient.

Ainsi, par un double effet – mutation réelle du Front National et exaspération totale des français contre une classe dirigeante corrompue – nous assistons à un moment politique historique.

D’autres mutations plus profondes sont en train d’opérer.

Le suicide de la Droite française s’accompagne en effet d’un repositionnement stratégique d’une partie du capitalisme français.

Ainsi, les grandes entreprises françaises dont les dirigeants seraient encore attachés à la France – à la forme particulière de son capitalisme – ne souhaitent pas changer de règles pour celles d’Outre-Rhin.

Pour un certain patronat français, la potion allemande ne passe pas ! « MERKEL ! Nein ! » devient tout naturellement « MACRON ? Nein ! »

Ainsi, peut-on mieux comprendre le feu vert donné à une recomposition politique accélérée avec la création subite d’une plateforme politique et économique entre le Front National et le petit parti « Debout la France ».

Ce petit parti politique – minuscule électoralement – reste une vigie. Il est une des forces tendancielles profondes de la droite française.

A ce stade, nous pouvons conclure que si l’arithmétique est bien évidemment défavorable à Marine LE PEN, la recomposition des forces politiques et capitalistiques en cours, associée à une campagne techniquement meilleure que celle d’un candidat totalement inexpérimenté, peut créer la surprise.

De toute façon, la surprise n’a-t-elle pas déjà eu lieu ?

Les Français en votant massivement pour Jean-Luc MELENCHON et pour Marine LE PEN indiquent plusieurs choses : ils sont prêts à résister en dépit des pressions extravagantes du système et, opposés à cette politique eurolibérale, ils sont devenus majoritaires dans le pays.

L’autre bonne nouvelle, c’est qu’une partie du patronat français partage maintenant ce constat.

Quel que soit le résultat du 7 mai, le/la président(e) de la République devra tenir compte de l’existence de deux composantes patriotiques contestataires – de Droite comme de Gauche – qui animent aujourd’hui la France.

Nous sommes en train de vivre un moment historique.

*FIN

Post-scriptum : Dans quelques jours, les Clubs « Penser la France » donneront une analyse du 2ème tour avec consigne de vote.

Source:Politique.Actu.Com

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